Paris sportifs : faut-il étendre la législation qui s’applique aux acteurs du sport à Sorare ?

L’affaire a fait quelques remous aux Pays-Bas. Avertis de la titularisation surprise du gardien remplaçant de l’Ajax Amsterdam pour un match de Coupe, les coéquipiers Daley Blind et Davy Klaassen ont vendu la carte Sorare du titulaire habituel Andre Onana. Sur Sorare, les joueurs ont crié à la triche. Mais l’IPAF a soulevé un lièvre. 

Paris sportifs : faut-il étendre la législation qui s’applique aux acteurs du sport à Sorare ?

Pour commencer, rappelons que Sorare est un jeu de Fantasy League basé sur les NFT. Concrètement, les joueurs constituent une équipe virtuelle de 5 joueurs en achetant des cartes uniques  avec de la cryptomonnaie. Les performances réelles des joueurs au cours des matchs vont ensuite déterminer les résultats de l’équipe virtuelle dans des tournois en ligne. Et les joueurs peuvent ensuite revendre leurs cartes et en acheter d’autres afin de renforcer leur équipe. A la différence d’autre jeux de Fantasly League comme Mon Petit Gazon par exemple, de l’argent est posé sur la table. Une carte unique d’Halaand s’est ainsi vendue à 600 000€ ! 

 

Ce qu’ont fait Daley Blind et Davy Klaassen va donc au-delà de la triche au cours d’un jeu en ligne. En plus d’avoir brisé la part aléatoire du jeu, les deux coéquipiers ont sciemment tiré profit d’une information liée à leur activité sportive dans le cadre d’un jeu d’argent. 

En France, l’article L131-16 du Code du Sport précise qu’il est interdit aux acteurs des compétitions sportives « d’engager, directement ou par personne interposée, des mises sur des paris reposant sur l'une des compétitions de leur discipline et de communiquer à des tiers des informations privilégiées, obtenues à l'occasion de leur profession ou de leurs fonctions, et qui sont inconnues du public. L’article D131-36-1 liste tous les protagonistes qui entrent dans la catégorie des acteurs des compétitions sportives. Les agents sportifs en font également partie car leur activité leur donne accès à des informations privilégiées.

 

Il est intéressant de noter que Sorare se défend d’être un jeu tenu de fonctionner sous licence. Les fondateurs s’appuient sur le fait qu’il n’y a pas de ‘mécanisme aléatoire‘ à ses achats de cartes de joueur, car ses clients achètent des objets de collection qui ne peuvent pas être définis comme des engagements de boîte à butin. Au Royaume-Uni pourtant, la Commission britannique des jeux de hasard (UKGC) a émis un avertissement au public et a indiqué procéder à une évaluation du jeu pour déterminer s’il doit fonctionner ou non sous licence. 

L’ANJ devrait-elle à son tour se pencher sur la situation en soumettant l'activité de Sorare à un agrément similaire à celui des opérateurs de paris sportifs ? Le cas échéant, les joueurs, les agents et les autres acteurs du sport ne pourraient plus prendre part au jeu. En outre, le jeu pourrait être interdit aux mineurs et les pratiques publicitaires encadrées, alors même que Sorare multiplie les campagnes de communication et les publi-reportages dans la presse sportive.